Newsletter Alzheimer #1

Le combat contre les maladies neurodégénératives et en particulier contre la maladie d’Alzheimer est le premier « Axe prioritaire » sur lequel se positionne la Fondation pour la Recherche Médicale dans son ambition d’accroître l’impact de son action i.e. promouvoir la meilleure recherche biomédicale au service des patients. C’est dans ce cadre que nous avons décidé de réaliser toute une démarche de collecte d’information et de réalisations du secteur, avec une ouverture internationale. Cette newsletter sert d’introduction à cette dynamique et nous espérons qu’elle plaira à vos équipes et vous.

Bonne lecture !

Études cliniques : où en sommes-nous ? Quelles sont les perspectives pour la maladie d’Alzheimer ?

Nous avons rassemblé les principales données les plus à jour concernant les essais cliniques en cours s’attaquant à la maladie d’Alzheimer.

Difficile de connaitre le nombre réel au-delà de ces chiffres qui déjà montrent l’engouement significatif autour de cet axe de recherche. Le vieillissement des populations, l’impact sociétal et économique de la maladie sont probablement parmi les enjeux clés à prendre en considération.

Il y a de la place pour d’autres initiatives ! Hélas, impossible d’avoir les chiffres sur les études précliniques, qui ne sont pas publiées…

Pour ceux qui le souhaitent, un petit rappel sur le déroulé des essais cliniques.

Sur les deux cents essais cliniques désormais terminés, un quart a été arrêté prématurément dont une bonne proportion depuis 2019. Cette figure ne montre pas tous les essais cliniques de phases 1 et 2 qui ont échoué. Mais pire, cent cinquante-deux essais cliniques de phase 3 terminés n'ont permis qu'à quatre composés d'obtenir une autorisation de mise sur le marché. Et encore, ceux-ci ont été déremboursés en août 2018 pour manque d'efficacité. Malgré cela, la recherche de traitements contre la maladie d'Alzheimer reste très active avec plus de 50 essais cliniques actuels.

Qui dit étude clinique dit financement d’études cliniques…. Qui sont les principaux acteurs ?

Liste des sponsors des essais cliniques de phase 3 actuelles concernant la maladie d’Alzheimer recensées sur clinicaltrials.gov pour les études cliniques disponibles le 15 juin 2020.

Les principaux sponsors sont donc des industries pharmaceutiques, des universités, des hôpitaux notamment en Chine, des fondations (pas encore la FRM!), des sociétés de recherche contractuelles ainsi qu'une agence fédérale américaine.

Première sélection de sociétés US déjà avancées et jeunes pousses françaises Au-delà de ces aspects cliniques et des quelques noms présentés ci-dessus, faire progresser la recherche contre la maladie d’Alzheimer nécessite des bases scientifiques d’excellence, des capacités de développement, de l’énergie et d’intégrer l’environnement aussi bien concurrentiel que compétitif mondial.

Voici un premier aperçu avec quelques start-ups choisies :

Alzheon est une société américaine fondée en 2013 par Martin Tolar. Elle développe actuellement un une prodrogue du tramiprosate, ALZ-801. Le tramiprosate est un médicament étudié depuis 20 ans, ayant fait l’objet d’un essai clinique de phase 3 dès 2004. Malgré la non-obtention de l’Autorisation de Mise sur le Marché, une analyse des essais cliniques réalisés a montré des résultats très encourageants sur une sous-population, homozygote APOE4/A4. Alzheon a décidé de développer un composé proche du tramiprosate en ne ciblant que les homozygotes APOE4/4 et en utilisant une forme galénique retravaillée. Un essai clinique de phase 3 de ALZ-801 est prévu prochainement. Il durera 18 mois et utilisera comme critère de jugement principal l’échelle ADAS-Cog11.

AgenT a été créée en 2018 par deux Français, Jérôme Braudeau et Baptiste Billoir. Elle vise à développer un dispositif médical permettant de diagnostiquer la maladie d’Alzheimer dans le sang. La technologie ambitionne de détecter la maladie d’Alzheimer dix à vingt ans plus tôt que le diagnostic actuel, ainsi qu’à stratifier la progression de la maladie. Il a été créé chez un modèle innovant de rat souffrant de maladie d’Alzheimer à progression lente, et utilise plus de cent biomarqueurs sanguins pour prédire l’état du cerveau. Il est actuellement testé sur cinq cents échantillons sanguins de patients, prélevés il y a vingt ans pour certains, pour être validé en étude clinique contrôlée l’année prochaine afin d’initier une mise sur le marché après 2022 

Michela Gallagher a fondé en 2014 à Baltimore l’entreprise de biotechnologies Agenebio, réalisant actuellement un essai de phase 3 impliquant 830 patients (étude HOPE4MCI), résumé sur ce poster. La molécule testée est le lévétiracétam à des doses douze fois inférieures à celles utilisées lors de sa prescription en antiépileptique. La promesse de la société est de diminuer l’hyperactivité hippocampale et de limiter les pertes de mémoire. L’étude HOPE4MCI utilise comme critère de jugement principal le score CDR-SB (Clinical Dementia Rating – Sum of boxes) suite à un traitement de 18 mois versus placebo.

NeoNeuro est une start-up française créée en 2015, résultant d’une collaboration entre une société canadienne, NeoVentures biotechnology et l’Institut du Cerveau et de la Moelle, portée notamment par les professeurs Dubois, Duyckaerts et Hampel ainsi que le docteur Potier. Son objectif est de prédire l’état du cerveau du patient à partir d’une analyse sanguine. Pour ce faire, Neoneuro a développé une plateforme permettant de screener tous les épitopes présents dans le sang grâce à des aptamères, c’est-à-dire des molécules d’ADN ou d’ARN aptes à reconnaître des ligands ou à catalyser des réactions chimiques ou biochimiques. Deux études de cohorte sont en cours en France et en Australie pour valider la méthode.

Qui sont les géants et grands acteurs du secteur ?

Nous avons choisi 3 entreprises actives dans la lutte contre les maladies neurodégénératives. Outre leurs capacités importantes, ils peuvent également être source de partenariats… ou de financements complémentaires !

Lundbeck est une entreprise pharmaceutique danoise spécialisée dans le développement de médicaments en neurologie et en psychiatrie. Elle emploie 5000 personnes et a réalisé en 2018 un chiffre d’affaire de 2,4 milliards d’euros. Lundbeck commercialise actuellement une dizaine de médicaments dont la mémantine et réalise des essais cliniques de phase 3 sur un composé contre l’agitation vespérale dans la maladie d’Alzheimer, le brexpiprazole. Cet antipsychotique agoniste partiel D2 est déjà utilisé dans la schizophrénie et le trouble dépressif majeur.
Rapport annuel 2019

Biogen est une industrie pharmaceutique américaine spécialisée en neurosciences employant 7400 employés, avec un chiffre d’affaires de 14,4 milliards d’euros en 2019. Concernant Alzheimer, Biogen possède actuellement cinq candidats dans sa pipeline. Deux anticorps dirigés contre les plaques amyloïdes sont en phase 3, un anticorps anti protéine tau est en phase 2 et un second en phase 1 de même qu'un oligonucléotide anti-sens freinant l'accumulation de protéine Tau.

Roche est un laboratoire pharmaceutique spécialisé en biotechnologies et thérapies innovantes, 1er investisseur en R&D dans le secteur de la santé. Roche lutte principalement contre les maladies du système nerveux, les cancers, l’hémophilie et les maladies respiratoires. Cette entreprise de 94 000 salariés a réalisé un chiffre d’affaires d’un milliard d’euros en 2018. 4 médicaments anti-Alzheimer sont en développement : un en phase 3 (anticorps anti-Abeta), deux en phase 2 (anticorps anti-Abeta et anticorps anti-Tau) et un en phase 1 (anticorps étudié en phase 3 + système “brain shuttle” pour améliorer le franchissement de la barrière hémato-encéphalique).

Vous souhaitez en savoir plus ?

Cet article publié le 6 janvier 2020 analyse les essais cliniques en cours et les principales causes d’échec des essais cliniques récents. On y trouve notamment une typologie des cibles thérapeutiques visées au cours des dernières années et des détails sur les substances actuellement en cours d’essais cliniques.

Nous espérons que cela vous a plu et attendons vos retours !